• Quand le cerveau prend les commandes : la plasticité cérébrale.

    Chaque sens possède une zone cérébrale bien définie dans laquelle est localisée son activité. Lorsqu'un individu se retrouve démuni d'un de ses cinq sens, que ce soit de naissance ou bien à la suite d'un traumatisme, le cerveau va avoir automatiquement recours à une faculté que l'on appelle la plasticité cérébrale : c'est cette capacité du cerveau à réaffecter le cortex visuel suite à la perte de la vue que nous allons étudier ci-après.

  • La plasticité cérébrale est un processus mis en place par le cerveau en cas de cécité (lésion cérébrale, amputation, privation sensorielle). Il a une capacité d'adaptation anatomique et fonctionnelle en fonction des expériences vécues par l'individu.

    Cela correspond à des réarrangements neuronaux : les neurones créent de nouvelles connexions entre eux.

    Un neurone se présente ainsi :

     

    Qu'est ce que c'est ?




    Il est composé d'un corps cellulaire avec un noyau et d'une structure extérieure :

    • les dendrites qui reçoivent les connexions des autres neurones

    • l'axone qui transmet jusqu'aux terminaisons neuronales un message électrique : ce sont des chocs électriques qui permettent les connexions. Les autres neurones reçoivent le message par ses dendrites et le transmettent, et ainsi de suite.

    Lorsque le cortex visuel, la rétine ou le nerf optique est lésé les circuits neuronaux utilisés pour la vision sont réaffectés au traitement d'informations issues d'une autre modalité sensorielle (ou fonction sensorielle). C'est la réaffection intermodale. De nouveaux circuits neuronaux se créent dans le cerveau.

    Des recherches récentes ont permis de montrer cette modification dans l'organisation fonctionnelle du cerveau en l'absence de vision. Par exemple, chez des jeunes chats et singes atteints de privation visuelle, on a observé une augmentation du nombre de neurones qui répondent à des informations auditives ou sensorielles. Ici est bien démontrée la capacité d'adaptation du cerveau en cas de lésion quelconque.

    D'autres nombreuses études prouvent la dimension malléable du cerveau, qui s'adapte relativement bien, selon l'âge, à la perte d'une fonction (que l'on appelle modalité, ou aptitude).


    ----> C'est ainsi que chez un aveugle, les aires corticales associées au traitement d'informations visuelles sont utilisées dans le traitement d'informations non-visuelles (auditives, sensorielle..).


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  •  Ainsi les aveugles vont compenser la perte de la vue par un meilleur traitement d'informations auditives et sensorielles. Par exemple, pour reconnaître une voix humaine, un aveugle utilise :

    • le cortex visuel (qui est le plus utilisé ! Surtout chez les plus jeunes – moins de 15 ans)

    • le Sillon Temporel Supérieur (STS) qui est la zone réservée à l'audition ainsi qu'une expansion du cortex auditif.

     La perception de la voix est une fonction hautement spécialisée.
    Un autre facteur qui joue dans cette réorganisation : l'âge auquel la cécité est survenue. Plus elle survient en bas âge plus la réorganisation neuronale sera étendue et rapide car c'est le moment où la plasticité cérébrale est la plus grande.

     Des chercheurs de Montréal ont mené une étude sur le développement de l'odorat chez les personnes atteintes de cécité. Les résultats montrent que l'activité concernant ce sens est plus importante dans le cortex visuel ! Cependant, cette utilisation de l'aire visuelle pour l'odorat ne permet pas une meilleure identification des odeurs, mais une meilleure localisation, qui permet ainsi aux personnes aveugles de mieux se repérer.

     

    La vision inconsciente :

     En quoi ça consiste ?

     Des personnes souffrant de cécité (due à une lésion du cortex visuel primaire) réagissent inconsciemment à des images ou des objets qu'elles ne voient pas. Ces personnes peuvent détecter une couleur, un mouvement, ou même une émotion exprimée sur un visage.

     Ce phénomène a été découvert dès la Première Guerre Mondiale chez des soldats blessés. Depuis, des scientifiques cherchent d'où peut provenir cette capacité extraordinaire du cerveau (les zones cérébrales impliquées, les circuits neuronaux); comme les britanniques Lawrence Weiskrantz et Nicholas Humphrey en 1967 qui étudient des singes ayant eu une lésion du cortex visuel. Souvent, le cortex visuel de ces personnes conserve quelques fonctions.

     Une expérience a été réalisée :

     Un couloir a été encombré d'obstacles et on a demandé à un aveugle de marcher du bout à l'autre de ce couloir. Il a évité tous les obstacles et est arrivé sans encombre. Il ne s'est même pas rendu compte qu'il les contournait. Ici, le patient a une lésion dans l'hémisphère droit du cerveau ce qui correspond au champ visuel gauche de la personne. Dans ce cas la vision aveugle correspond donc à la détection d'objets au niveau de cette région aveugle.

     

     

    La compensation sensorielle.

    (Pour la science - n°398 - Décembre 2010)

    D'après le graphique, on observe que le pourcentage de bonnes réponses dans le champ aveugle augmente avec l'entraînement : il est au moins multiplié par 2 ! L'examen oculaire montre qu'après la rééducation, le champ visuel lésé est moins noir. Cela signifie que la zone aveugle diminue. D'après ces deux documents, on peut conclure que l'entraînement à détecter ou localiser des cibles améliore la performance du non-voyant. Et ainsi la zone aveugle du cerveau diminue. Cela révèle donc la capacité du non-voyant à detecter des objets près d'eux.

     Enfin, on peut établir un lien entre la plasticité neuronale (Vue dans la 1.) et cette vision inconsciente. En effet lorsque le cerveau établit de nouvelles connexions, des circuits de vision aveugle peuvent être créés.


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